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De l’histoire du mouvement étudiant, le gouvernement s’est décidé à utiliser une nouvelle arme, mais qui est vieille comme le monde : diviser pour mieux régner. D’un côté, le gouvernement érige les étudiants comme étant tous à la charge de l’État de façon indue; et de l’autre il tente de positionner contre eux le travailleur de la classe moyenne. Du coup, le gouvernement éclipse toute la question qui est souvent remise à l’avant par un des slogans du mouvement étudiant : « Travailleurs, étudiants : même combat ». Face à la mascarade du gouvernement Charest, c’est le moment que nous soyons tous solidaires, et ce peu importe notre statut ou emploi : étudiants, travailleurs, mère, père, fille, fils… Face à l’arrogance du Parti libéral du Québec, il est primordial de s’unir, et ce, peu importe nos différends. Ayant déjà abordé le thème de la marchandisation de l’éducation, je vais me préoccuper maintenant d’un des axes de la tactique libérale : la répression policière inquisitoriale et la nécessité d’une liberté de conscience des forces policières.

La répression policière

Tout en ne tentant pas de défendre la théorie du contrat social hobbesien et tout en ne tentant pas de l’utiliser comme instrument fictif méthodologique, il nous permet tout de même d’entamer partiellement une compréhension de ce qui nous lie comme société. Face à l’animalité et à l’incapacité de l’humanité de transcender celle-ci (l’homme étant un loup pour l’homme), l’émergence de l’État se veut comme une résultante de la tentative de parer à ce problème. L’homme délègue, que cela soit consenti ou non, une partie de sa souveraineté afin de se garantir une certaine forme d’autonomie. L’État prend le contrôle d’une partie de la liberté de tous, afin de pouvoir consentir une base de liberté à tous les autres. Que cette définition de la liberté soit négative ou positive, cela importe peu. Au final, l’État établit une forme arbitraire de pouvoir. Dépositaire de la violence légitime, il est le seul qui a le droit d’appliquer celle-ci, et ce fait est fondamental pour la perpétuation de la société.

C’est de là que provient la police. La police est le représentant de la violence légitime et elle est celle qui la met en application au besoin. La police, d’une certaine façon, fait le pont entre l’État et la population. C’est elle qui se pose comme intercesseur du contrat social et qui vise à le faire respecter. Dans cette position, et c’est pour cette raison, que la police a un devoir d’irréprochabilité et d’impeccabilité. La raison qui fait que l’humanité maintien la validité de ce contrat social c’est qu’il y a un lien de confiance entre les corps policiers et la population. C’est ce qui prévient l’anarchie sociale. Ce lien de confiance est cependant très mince. Quand face à face, il y a des gens avec des armes à feu et de l’autre des simples citoyens : il faut qu’il y ait un lien de confiance pour croire en les principes qui sont supposés guider les forces de l’ordre : « servir et protéger ».

La police se doit, comme mentionnée plus tôt, d’être irréprochable. Quand la police décide de passer à tabac des étudiants pendant des manifestations ou des grèves, elle brise ce lien de confiance. Il faut s’entendre, la police a sa place lors de manifestations ou d’occupation, mais il y a toujours une limite à ne pas franchir. Certains diront que lorsqu’il y a des débordements, la police est justifiée d’utiliser la force, et ce, même si celle-ci est souvent disproportionnée. Ce fait s’avère malheureusement incomplet. Avec les grands pouvoirs viennent les grandes responsabilités. Il serait insidieux de dire que les manifestants ont systématiquement la même responsabilité que les corps policiers dans ces affrontements. Ces femmes et hommes sont formés pour contrôler, gérer des gens et des foules, mais aussi pour faire appliquer la loi. Leur sens discrétionnaire est à ce moment assez faiblement sollicité. Bref, la position d’autorité nécessite une position de responsabilité supérieure.

Liberté de conscience policière?

Ce qui devient intéressant, c’est lorsque l’on se questionne sur l’importance d’une liberté de conscience chez cesdits policiers. Serait-ce un gain ou non? On représente souvent la justice comme une femme tenant une balance et ayant les yeux bandés, symbolisant que la justice ne fait que peser le pour et le contre et évite ainsi le subjectivisme et maintenant ainsi une forme de neutralité axiologique. Est-ce que la police devrait avoir le même devoir? Doit-elle appliquer aveuglément la loi, ou ce qu’elle croit être la loi? Il y a évidemment des pour et des contre. Afin d’éviter l’arbitraire, une application systématique et unifiée de la loi comme elle est écrire, peut être une solution. Cependant, lorsque nous prenons en compte ceux qui conçoivent ces lois, les politiciens, peut-on affirmer que ces lois sont réellement objectives? Si un des maillons de la chaîne est affaibli de la sorte, c’est toute la chaîne qui risque de lâcher. Devrait-on appliquer une tension sur plusieurs maillons, ou devrait-on simplement se concentrer sur la perfectibilité du régime de conception des lois, et ainsi miser sur une application mur à mur des lois? Des forces de l’ordre qui ne font qu’appliquer les ordres qui leur sont donnés permettent l’entrée en scène d’une dérive qui pourrait être dangereuse.

Ne pas remettre en question ce fait c’est le premier pas vers un régime autoritaire. Le réel problème c’est que l’on donne à des gens qui ont une formation relativement sommaire une arme à feu. Sans aller jusqu’à dire qu’ils ont le droit de vie et de mort sur la population, ils ont une légitimité démesurée avec cet instrument. Dans une société aussi peu friande des armes à feu, est-il réellement nécessaire d’armer nos policiers? Ceux qui ne font que contrôler la circulation, est-ce vraiment nécessaire d’avoir une arme de service? Ce privilège devrait être réservé à des équipes d’intervention spécialement formée et étant d’autant plus imputables. Tenant pour acquis qu’une position parfaitement neutre et positiviste est inatteignable, tant qu’à être sur la pente glissante, aussi bien affirmez cette position au lieu de la balayer du revers de la main.

Les médias ont la fâcheuse habitude de publier ce que les gens veulent lire. Quand ça brasse, quand on voit des étudiants lancer des roches ou du papier de toilette enflammé, ça fait vendre des copies. Quand les étudiants sont courtois, ce n’est pas la peine d’en parler. Ce phénomène n’est pas étranger à l’esthétisation de la société. Quand il y a du sang et des coups, les gens aiment ça. C’est une distorsion malheureuse de la société et de la réalité.