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Déjà le retour à la Chambre pour la députation fédérale. À peine une journée d’écoulée et nous pouvons déjà percevoir l’esprit général qui transpirera durant l’automne. Apparemment, les conservateurs n’ont rien appris du printemps passé. Suite à une désapprobation généralisée dans la population, même au sein de ceux qui votent conservateur, le gouvernement Harper entend répéter l’expérience. Contre toute la culture parlementaire canadienne existante, Peter Van Loan a promis qu’il y aurait des résultats pour l’économie et l’emploi canadien. Décriant l’obstruction de l’opposition, les Conservateurs sont convaincus qu’un mandat majoritaire conféré par une faible marge lors du dernier scrutin lui permet de faire avancer son agenda parlementaire, et ce, à n’importe quel prix. C’est pour cela qu’ils promettent de déposer un second projet de loi mammouth afin de mettre en application les différentes mesures budgétaires qui n’ont pu être incluses dans celui du printemps dernier.

Le dépôt de ce genre de projet de loi est un outrage à la démocratie et au Parlement. L’existence du Parlement et de l’opposition au sein de celui-ci est justement de pouvoir remettre en question les décisions gouvernementales, de pouvoir apporter un regard différent sur les projets de loi. C’est cet acte que décrie le gouvernement conservateur. Cependant, ce n’est pas le seul rôle de l’opposition. Elle est aussi là dans un rôle de représentation. Si le Parti Conservateur n’a pas l’unanimité à la Chambre des communes, c’est parce que ce ne sont pas tous les Canadiens qui sont en accord avec le projet et le programme conservateur. En niant le rôle de l’opposition et en poussant systématiquement ses politiques jusqu’au point de rupture, le gouvernement Harper nie l’existence des autres Canadiens.

Le Parti conservateur n’est pas à sa première négation. En plus de nier la science, par son rejet du caractère obligatoire du recensement canadien, en niant les impacts de l’homme sur les changements climatiques et en faisant la promotion d’un pétrole plus polluant que les autres; il effectue une distorsion de la science économique. En refusant d’imposer une taxe sur le carbone, ou une bourse du carbone comme le proposait lui-même le Parti conservateur en 2008, le gouvernement fournit une subvention immense et déguisée à cette industrie. La production d’externalité négative non incluse dans le prix de vente est une injustice et crée une distorsion dans le marché. Un système de libre marché implique que les acteurs doivent couvrir les frais des produits qu’ils produisent ou vendent; pour pouvoir en encaisser les profits. Lorsqu’une entreprise pollue, elle se doit de couvrir les frais de décontamination ou de rétention du carbone, etc. Compte tenu du fait que l’environnement nous affecte tous, mais qu’elle appartient à tous les Canadiens, une entreprise qui veut en user se doit de dédommager la population. En évitant de percevoir un montant, de quelque façon que ce soit, le gouvernement fait preuve d’irresponsabilité économique. Pour un gouvernement qui veut se porter comme porte-étendard de la défense de l’économie canadienne et de la création d’emploi, c’est un geste assez douteux.

Le gouvernement Harper n’en est pas à sa première contradiction économique. Depuis le début de l’été, Stephen Harper et Peter Van Loan l’ont rappelé hier, il implore les entreprises à investir et à dépenser les montants économisés par les baisses d’impôts de 21 % à 15 % depuis l’arrivée des Conservateurs au pouvoir. Il y aurait plus de 526 milliards dans les coffres des grandes entreprises canadiennes, servant à faire de la spéculation à la bourse, au lieu d’effecteur des investissements productifs. Pour contrer ce fait, au lieu d’admettre ses torts, le gouvernement a décidé d’accorder une pause d’impôt pour les petites entreprises qui créeront de nouveaux emplois. Cette mesure n’est pas mal en soi, mais les baisses d’impôts précédentes auraient dû donner une leçon au gouvernement. La gestion de l’offre, dans une économie qui ne se porte pas à son meilleur, ne fonctionne pas. C’est la demande qu’il faut stimuler. Ce ne sont pas des baisses d’impôts qui vont inciter les entreprises à investir davantage, c’est une augmentation de la demande. Il faut plus de croissance économique, par une augmentation du nombre d’emplois et de la consommation; et non pas par un vœu pieux d’investissement non sollicité par des entreprises qui ont les coffres pleins avec un taux d’inflation très bas. Ces baisses d’impôt ne servent pas non plus l’économie, c’est une autre forme de subvention aux entreprises qui nuit à l’économie.

Bref, si le gouvernement Harper veut vraiment se porter en défenseur de notre économie, il se doit de reconsidérer sa réforme de l’assurance-emploi, mais aussi considérer un investissement dans l’économie pour la stimuler, mais aussi éviter un retour en récession qui guette le Canada avec son partenaire économique du sud toujours en mauvaise posture.